titre original | "Legend" |
année de production | 1985 |
réalisation | Ridley Scott |
scénario | William Hjortsberg |
photographie | Alex Thomson |
musique | Jerry Goldsmith (director's cut) et Tangerine Dream |
direction artistique | Assheton Gorton |
maquillage | Rob Bottin |
interprétation | Tom Cruise, Mia Sara, Tim Curry |
La critique de Sébastien Miguel pour Plans Américains
Ténèbres et lumière.
"Tristan & Ysolde" ne parvenant pas à sortir de glaise malgré deux scénarios, Ridley Scott trouve un nouveau souffle avec le triptyque de William Hjortsberg.
Les auteurs optent pour un refus radical de la psychologie (le chevalier, joué par Tom Cruise, reste totalement insipide) et éludent le mythe de la licorne (pourtant très riche). Le cinéaste impose au spectateur une ligne narrative assez lâche (une exposition trop longue et finalement incomplète) et un deuxième partie plutôt molle.
Reste le travail considérable sur l'image : la photo d'Alex Thomson, les décors stupéfiants de Assheton Gorton et la musique de Jerry Goldsmith (pour la version vidéo).
Scott cite abondamment Jean Cocteau, Disney (le diable est inspiré du batelier de "Fantasia") et les illustrateurs du 19e siècle comme William Coleman.
Le choix (économique) de tourner tous les extérieurs en studio rend le film asphyxiant, claustrophobique.
L'humour, bien que présent, ne fonctionne pas et les effets visuels étouffe la poésie.
Le diable, particulièrement marquant à l'époque, n'est pas simplement un démon, mais une incarnation de la toute puissance du désir sexuel*. Cornes énormes et dressées, musculature virile, visage lubrique... La princesse devient, dès lors, une vierge découvrant la tentation de la chair.
Entre conté de fées et horreur (la fin est un hommage direct à "Alien"), "Legend" demeure une œuvre finalement peu commerciale, où l'image à la fois descriptive, narrative et purement imaginaire s'impose comme un tout. Comme une forme et un fond.
* Le diable était déjà très sexué dans le mythique "Häxan" ("La Sorcellerie à travers les âges") de Benjamin Christensen...
La chronique de Gilles Penso