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"La Scandaleuse de Berlin"

« Let's go up to my apartment. It's only a few ruins away from here. »

La scandaleuse de Berlin - affiche

titre original "A Foreign Affair"
année de production 1948
réalisation Billy Wilder
scénario Charles Brackett, Billy Wilder et Richard L. Breen, d'après une histoire originale de David Shaw
photographie Charles Lang
musique Friedrich Hollaender
production Charles Brackett
interprétation Jean Arthur, Marlene Dietrich, John Lund, Millard Mitchell

Critique extraite du Guide des films de Jean Tulard

Les critiques comme le public passèrent sans la voir, cette pourtant remarquable "Scandaleuse de Berlin", comédie plus amère que douce mais constamment drôlatique. Heureusement, une reprise au début des années 80 a permis d'apprécier le film à sa juste valeur. C'est d'abord le regard consterné mais pas complaisant de Wilder sur Berlin, ville chère à son cœur, qu'il dut quitter quinze ans plus tôt à l'avènement d'un petit moustachu hystérique. Le réalisateur filme la ville telle qu'elle est en 48, c'est-à-dire un amas de ruines et de décombres. Qui d'autre que Wilder aurait eu l'audace de choisir une ville martyre comme décor pour une comédie? C'est pourtant une idée prodigieuse : le décor fait retentir le rire d'un éclat encore plus vif mais funèbre, tandis que le rire (jaune) rehausse par contraste le drame ambiant. C'est en second lieu une sorte de documentaire, romancé mais fidèle, sur la vie dans l'Allemagne occupée de la défaite, avec ses troupes étrangères qui se la coulent douce, ses combines pas propres, son marché noir sans gloire. Du côté des Allemands, on nous montre (brièvement, il est vrai) de pauvres gens qui luttent pour survivre à tout prix et, surtout, le néonazisme rampant. C'est probablement le premier film à lancer un cri d'alarme qui ne s'avérera que trop pertinent : Attention, le nazisme n'a pas disparu par miracle le 8 mai 1945 ! Soyons vigilants ! Ce fonds de pessimisme clairvoyant n'empêche nullement le rire de fuser, bien au contraire, grâce à des dialogues d'une drôlerie très adulte. Marlène Dietrich, toujours somptueuse, s'amuse à jouer les nazies planquées tandis que Jean Arthur, américaine Ninotchka, emporte l'adhésion, en députée puritaine s'ouvrant à la sensualité.

Billy Wilder et Charles Brackett

"La Scandaleuse de Berlin" est la quatrième collaboration du réalisateur avec le producteur, après "Les Cinq Secrets du désert", "Le Poison" et "La Valse de l'empereur". Suivra "Boulevard du crépuscule".